Le jour où : le miracle de Berne a eu lieu

23/07/2020 20:13

L'entrée des deux capitaines (Puskas, le capitaine hongrois, à gauche, et Walter, le capitaine allemand, à droite) sur la pelouse du stade du Wanksdorf à Berne le 4 juillet 1954

"Das Wunder von Bern" dans le langue de Goethe. Le miracle de Berne dans la nôtre. Tel est le nom qui a été donné à cette journée du 4 juillet 1954, à Berne, ville qui accueille la finale de la 5e Coupe du Monde de football entre l'Allemagne de l'Ouest et la Hongrie. Retour sur ce match d'anthologie.

Ce n'est pas tant par son contenu que le match est mythique. Il fait parti d'un tout. D'un contexte politique, historique, footballistique, et même météorologique !
Commençons par la Hongrie. Que dis-je? La grande Hongrie. Le onze d'or, tel est son surnom, composé de joueurs de légende tels Kocsis, Czibor ou Puskas. Une des plus grandes équipes de tous les temps. Une des plus belles à voir jouer, bien avant l'Ajax et les Pays-Bas de Cruyff ou le Barça de Guardiola. le 14 mai 1950, à Vienne, la Hongrie perd 5-3 lors d'un match amical face à la Hongrie. La dernière défaite avant ce 4 juillet. Entre ce match face à l'Autriche et la finale face à la RFA, La Hongrie disputera 32 matchs, pour 28 victoires et 4 défaites. Parmi ces victoires, trois sont marquantes.
La première est un tout, c'est le sacre hongrois aux Jeux Olympiques d'Helsinki en 1952. Pour la première fois depuis le début de la guerre froide, la Hongrie joue hors du bloc communiste. Avec succès puisqu'elle remporte le tournoi face à la Yougoslavie (on mettra plus tard en avant la victoire de la Hongrie communiste face à la dictature yougoslave de Tito).
Le deuxième succès marquant à lieu le 25 novembre 1953 à Wembley face à l'Angleterre. Le stade est plein, et les 100 000 spectateurs ne peuvent que constater la suprématie hongroise avec son système de jeu novateur, le 4-2-4, qui prend le dessus sur une sélection des Three Lions disposé en WM, système qui a connu sa gloire dans les années 30, mais qui est définitivement enterré ce 25 novembre 1953. C'est la première défaite de l'Angleterre chez-elle face à une équipe du continent. Bref, ce match mérite un article à part entière. Le 25 mai 1954, dernier match avant la Coupe du Monde, les Anglais auront l'occasion de prendre leur revanche, mais se feront martyriser 7-1.
Le troisième match marquant a lieu lors de la Coupe du Monde, en phase de poule. La Hongrie termine en tête de son groupe avec notamment une victoire 8-3 le 20 juin face à ... la RFA. Alors quand les deux équipes se retrouvent 2 semaines plus tard pour la finale, la Hongrie est ultra, mais alors ultra-favorite.

La transition est toute trouvée pour parler de l'Allemagne de l'Ouest. Le contexte dépasse le cadre simple du foot. Défaite en 1945, pays en ruine, Allemagne séparée en deux, guerre froide, vous connaissez tout cela. Autant dire que de voir cette équipe en finale est un exploit et véhicule de l'espoir pour ce pays. Néanmoins depuis quelques années, la RFA se porte bien économique : plein emploi, travailleurs étrangers et productivité au max, tout cela mené par le chancelier Adenauer. C'est ce qu'on a appelé le "Miracle économique", en allemand "das Wirtschaftswunder". Ce Wunder que l'on retrouve encore une fois. C'est sans doute de là que l'on tient le surnom de ce match.
Côté sport on a moins d'information sur le style de jeu ou les performances allemandes. Elle fait peu parler d'elle, surtout comparée à cette équipe hongroise romantique qui fascine. Mais il y a quand même de bons joueurs : Helmut Rahn, leur buteur, Max Morlock, également attaquant et légende du FC Nuremberg, et leur capitaine Fritz Walter, légende lui du FC Kaiserslauten. On ne doute donc absolument pas de leurs qualités, mais en face... bref je me répète.

Passons au match donc ! A Berne, au Stade du Wanksdorf, le coup d'envoi est donné sous la pluie. Une aubaine pour les allemands. Pourquoi me direz-vous? Les Allemands disposent d'une "avancée technologique" par rapport aux Hongrois, et elles se trouvent à leur pied. Les chaussures sont plus légères, la semelle n'est plus en cuir, et elles permettent une meilleure stabilité que celles des Hongrois. Cette chaussures a été conçue par un certain Adolf Dassler, ou Adi Dassler, fondateur dans les années 20 de la marque de chaussures "Adidas". (Voilà vous savez d'où vient le nom de la marque aux trois bandes)
Mais le début de match est catastrophique pour les Allemands : 2-0 après 8 minutes, buts inscrits par Puskas et Czibor. La Hongrie répond présent, et on s'attend à un triomphe écrasant. Mais l'Allemagne se ressaisit et réduit la marque deux minutes plus tard par l'intermédiaire de Max Morlock. Et à la 18e minute, c'est Helmut Rahn qui égalise sur corner. 20 premières minutes d'une intensité exceptionnelle. Le match se stabilise ensuite, même si la Hongrie domine. Les Allemands défendent, mieux ils défendet excellement bien. Les Hongrois poussent, mais finalement, à la 84 e minute, c'est Helmut Rahn qui inscrit le but de la victoire pour la RFA. Un doublé en finale de Coupe du monde, une performance digne des plus grands.

Et c'est fini. Le miracle s'est produit. 4 ans sans défaite, mais la Hongrie finit par perdre celui qu'il ne fallait pas. La fin d'un mythe. Même si le onze d'or continue de sévir. Jusqu'en 1956, la Hongrie jouera encore 17 matchs, pour 14 victoires et 3 défaites. De 1950 à 1956 cela porte le bilan à 42, 7 nuls. Et une défaite. La défaite, Le miracle. Ensuite, Puskas ira au Real, Czibor au Barça, et prendrons leur retraite internationale.

La Hongrie ne s'en relèvera jamais. Pour l'Allemagne (de l'Ouest), ce n'est que le début.

En 2003 est sorti un film : "Das Wunder von Bern" (le miracle de Berne). Je vous conseille de voir ce film, qui certes invente une histoire de fiction (inspiré de faits réels), mais elle a pour contexte le miracle économique et cette finale de Coupe du monde.